On aurait du mal à imaginer, derrière ses tâches de rousseur et sa bouille d’enfant grandie trop vite, la persévérance et l’implacable détermination d’Anastasia el-Rouss quand elle court après une idée. La jeune architecte s’était mis en tête, en 2017, de créer une structure pour ouvrir aux femmes les métiers du bâtiment. Avec la destruction d’une partie de Beyrouth, l’ONG Warchée  est devenue une nécessité. Et une réalité.

Une fois n’est pas coutume, ce fatidique 4 août, Anastasia el-Rouss avait décidé de prendre une pause et d’aller à la plage avec son bébé. À 18h07, elle se trouve donc à l’autre bout de la ville, à une dizaine de kilomètres de sa vieille maison de Gemmayzé qui héberge aussi son atelier d’architecte. Elle ne tarde pas à apprendre que la demeure est entièrement détruite, archives, souvenirs, plans et maquettes compris. Mais quelle importance, pour l’heure, tant que son mari, qui était à pied dans le secteur, et bien que projeté par l’explosion dans une autre rue, est incroyablement indemne. Le temps de se reloger, de sécuriser son enfant dans un nouveau cocon, de trouver un lieu pour reprendre son travail, l’architecte se force à se remettre debout, reprendre ses esprits, ignorer ses larmes et retrousser ses manches.